Balades Littéraires

L’écriture cosmique de Éléonore Niquille

Porphyre

 roman inédit

Le 19 mars 2023, à Charmey, a été présenté le roman inédit de l’écrivaine russo-fribourgeoise Éléonore Niquille, Porphyre, qui vient d’être édité par les éditions Montsalvens (vernissage le 12 décembre 2023) et dont le texte a été établi par Grazia Bernasconi-Romano. Nous reproduisons ici la conférence de présentation tenue à cette occasion.

De 1957 à 1992 et de 1993 à 2023:

deux ponts de trente ans

 

En 1957, Éléonore Niquille meurt, à Berne.

Le journal fribourgeois La Liberté publie l’annonce suivante:

Une trentaine d’années après, toujours à Berne.

Dans une bouquinerie près de la gare, gérée par un bouquiniste espagnol, Monsieur Romagosa, à genoux derrière une pyramide de livres, montrant seulement sa tête d’Arcimboldo, empoussiérée de silence elle aussi. Un livre paraissait s’avancer timidement parmi d’autres: C’était La complainte de la passion, recueil de nouvelles de Éléonore Niquille, Édit. des Nouveaux Cahiers, La Chaux-de-Fonds, CH, 1942.

– Deux francs, s’il vous plaît !

Éléonore Niquille…

Une écrivaine dont on ne parlait pas dans les cours de littérature française…

Niquille… un nom de famille qui faisait écho tout de même: une piste fribourgeoise…

En ouvrant le livre, on examine chaque signe sur la couverture afin d’avoir des renseignements. On ne trouve aucune photo de l’auteur, aucune présentation ni biographie en 4ème de couverture, ni de préface. Toutefois, en 2ème de couverture, voilà que l’éditeur donne la liste d’autres livres du même auteur, déjà parus chez lui, et un autre ouvrage à paraître. Une écrivaine prolifique, donc! C’étaient ces livres-là, dont maintenant je peux vous montrer la couverture:

Vigiles, publié en 1939 (poèmes)

Le destin vanne, en 1940 (roman)

Une flute au loin, en 1941 (poèmes)

et en 1943, Le pèlerin de l’aube (poèmes)

Ces premières informations nous disaient que l’écrivaine avait publié cinq ouvrages en cinq ans. Tous pendant la deuxième guerre mondiale et en Suisse!

La recherche s’avérait plutôt riche de renseignements.

La lecture de La Complainte de la passion s’est déroulée au compte-goutte, pour diverses raisons, d’ailleurs il s’agissait de nouvelles, de textes courts qui poussaient à une pause de l’un à l’autre. Certaines nouvelles parlaient de la Gruyère, d’autres de la Russie, d’autres encore de la France…

L’enquête sur cette écrivaine inconnue se faisait de plus en plus intéressante!

 

Encore un bond de trente ans:  2023

À Fribourg, Éléonore Niquille existe. Que s’est-il passé entre-temps?

En 1995    

La Liberté avait accepté d’annoncer la redécouverte de l’écrivaine après une quarantaine d’années qu’elle était décédée et, apparemment, oubliée.

En 1996

L’État de Fribourg avait décidé qu’il fallait trouver de nouvelles personnalités, hommes mais femmes aussi, qui méritaient de donner leur nom à une rue de la ville. L’archiviste M. Jean-Daniel Dessonnaz, le syndic Dominique De Buman, le Conseil d’État, tous furent convaincus de la haute portée de notre écrivaine, et la cérémonie eut lieu. Depuis lors une rue dans le quartier de Bourguillon, porte son nom: «Rue Éléonore Niquille. Poète et romancière. 1897-1957».

En même temps, la Bibliothèque Cantonale Universitaire de Fribourg – grâce au Dir. M. Martin Nicoulin et au secrétaire Claudio Fedrigo – accueillit une exposition sur la vie de l’écrivaine tandis que les éditions de la Sarine rééditèrent dans la collection «Le patrimoine retrouvé»  son 1er roman Le destin vanne.

Pour en arriver là,

il a fallu demander, chercher, téléphoner, rencontrer, écouter, écrire, lire, étudier… voyager… l’internet, le courriel, n’existaient pas encore, le téléphone portable non plus… le fax peut-être…  mais une quête bien aventureuse s’annonçait! 

 

La question posée à la ronde était bien évidemment:

– Connaissez-vous Eléonore Niquille? 

La poétesse-romancière ne s’était fait aucun souci pour sa postérité. Déjà dans sa première publication, Vigiles, 1939, recueil de poèmes, elle avait écrit:

Mais qui a répondu à la question?

Surprenant!

La liste sera très longue.

«Mais si! Elle est encore vivante en Gruyère…! » écrivit tout de suite en réponse la fribourgeoise Sabine Gauthier et son père, M. Jean-Claude Gauthier, envoya quelques livres de l’écrivaine précieusement gardés en famille.

Je vous liste – mais en avalanche – tous ceux qui ont contribué à ranimer la vie et l’œuvre de Éléonore Niquille:

  • la BCU de Fribourg
  • Mme Jacqueline Niquille de Bulle, vraie source de renseignements
  • Mme Colette Baertshy-Glasson (nièce de l’écrivaine, fille de sa 2ème demi-sœur, Hélène, l’illustratrice de ses livres) ainsi que ses filles Pascale et Virginia.
  • M. Philippe Yerly, et sa sœur Mme Françoise Couroucé, fils et fille de Marguerite, 4e demi-sœur de l’écrivaine
  • L’État civil de la commune de Charmey avec l’officier M. Clément Rime
  • L’Ambassade de Bielorussie et l’Ambassade Russe à Berne
  • Mme Anne-Marie / Cocolette Niquille, de Ablaendschen, cousine de l’écrivaine et sa fille Maritou Gisling
  • M. Marcel Perret, le grand historien vaudois des Charmeysans
  • M. Auguste Dousse
  • Le Pensionnat Ste-Ursule
  • Le Lycée Ste-Croix
  • L’Université de Fribourg
  • La bouquinerie du Varis de Fribourg
  • Le Service des Revues
  • Les Archives Littéraires Suisses de Berne avec l’archiviste M. Marius Michaud
  • La fille de la concierge de l’immeuble où l’écrivaine habitait à Berne, à la Neufeldstrasse n.114
  • Le concierge du cimetière de Bremgarten où elle a reposé pendant un quart de siècle
  • La Bibliothèque Nationale de Paris

… j’espère ne pas en avoir oublié!

 

Un parcours de la vie et de l’œuvre de Éléonore Niquille devenait alors possible!

 

Sa vie, d’abord.

15 janvier 1897. Éléonore naît dans l’empire des tsars, à Vitebsk, (aimant l’art, elle s’est choisi la ville de Chagall…). Sa mère, Julia Loukatchevitch, était issue d’une famille polonaise d’officiers tsaristes, et son père: Joseph Aloys Niquille, précepteur des neveux du tsar Nicolas II, était né à Charmey, en 1869. Le jeune Aloys, avait des idées assez radicales, dans un pays largement conservateur, c’est pourquoi il a préféré et dû chercher une place ailleurs. Il est parti donc à la suite d’un autre charmeysan, Francois Dousse, fondateur de l’école française de Saint-Pétersbourg, à la fin du XIXe siècle.

Aloys Niquille en Gruyère (1) et en Russie (2). Il portait l’uniforme pendant les cérémonies officielles en Russie (3).

Eléonore Niquille en petite russe

Vers l’âge de 6 ans, ayant perdu sa mère en Russie, la petite Éléonore est confiée à la grand-mère paternelle, à Charmey, où elle fréquentera l’école primaire. Les voix ne concordant pas sur la disparition de la mère, nous préférons alors garder respectueusement le mystère ou le silence. Pendant une dizaine d’années, le père et la fille purent vivre un intense rapport, malgré le retour du père auprès des tsars.

Aloys épousera, en secondes noces, Angèle, la fille de François Dousse.

(1) Père et fille en excursion en montagne en Gruyère. (2) Le père de l’écrivaine avec sa seconde épouse, Angèle Dousse. (3) Eléonore assise et sa demi-sœur Georgette en costumes gruériens.

D’autres enfants naîtront du nouveau couple: Georgette, Hélène (prof de latin et artiste qui illustrera les livres de l’écrivaine) et Marguerite, mais un 4ème enfant mort à la naissance causera le décès de la seconde épouse. Aloys, de nouveau seul, enverra ses trois filles également à Charmey, et il restera entre Moscou et St-Pétersbourg jusqu’après la révolution d’octobre 1917. Les trois filles, avec Éléonore: l’aînée, la responsable, après le décès de la grand-mère, entrèrent toutes au pensionnat des Ursulines, à Fribourg.

(1) Éléonore entre deux camarades, pensionnaire chez les Ursulines / Fribourg. (2) Éléonore (appuyée à la table) avec d’anciennes camarades d’études.

Après la révolution, Aloys, pas en très bonne santé et les poches bien vides, fut rapatrié mais bien plus tard que ses compatriotes, car il a tenu à exprimer son ressentiment aux Russes avec les conséquences que vous imaginez.

Cependant Éléonore put continuer les hautes études à Fribourg, et ce fut d’abord à l’Académie Sainte-Croix, où elle obtint le diplôme de baccalauréat, en 1917, puis une licence en littérature française et latine à l’université de Fribourg, en 1922.

La langue française étant devenue sa vraie patrie, après tous les remous que la vie lui avait réservés, Éléonore s’en alla en France, à la Sorbonne, parfaire ses études. Elle s’arrêta quelque temps dans le pays pour y enseigner.

Retournée en Suisse, elle s’établira à Berne, dans la capitale, où, pour continuer d’écrire, tout en ayant un gagne-pain, elle a trouvé un emploi aux Ondes Courtes de la Radio.

Aloys Niquille, son père, à son retour de Russie, vers 1922 seulement, a pu trouver un poste à l’administration fédérale, à Berne lui aussi, grâce au fait qu’il savait beaucoup de langues et par l’intermédiaire du conseiller fédéral Jean-Marie Musy, qu’il avait connu en tant que camarade, au collège St-Michel, à Fribourg. Il est décédé en 1935, à Charmey. Tandis que le cimetière de Bremgarten a gardé la tombe d’Éléonore depuis 1957, pendant le quart de siècle réglementaire.

Éléonore à Rome

 

Jetons un coup d’œil à son activité d’écrivaine et à son œuvre.

Éléonore Niquille a dédié sa vie à l’écriture, ou mieux, elle en a fait sa respiration.

Elle s’y est consacrée très tôt, mais elle commence à publier seulement vers l’âge de 40 ans. Elle va se rattraper, car en une vingtaine d’années elle nous submergera de nouvelles, poèmes et romans, même un jeu radiophonique.

Je vous cite les titres, qui vous donneront une idée de l’activité intense qui animait l’écrivaine, publiant sans arrêt en Suisse et en France, depuis 1939 jusqu’à son décès, et du sens de la vie qui l’animait:

Elle publie d’abord en Suisse:

  • Vigiles (Poèmes), Ed. des Nouveaux Cahiers, La Chaux-de-Fonds, 1939
  • Le destin vanne (Roman), Ed. des Nouveaux Cahiers, La Chaux-de-Fonds, 1940
  • La complainte de la passion (Nouvelles), Ed. des Nouveaux Cahiers, La Chaux-de-Fonds, 1941
  • Une flute au loin (Poèmes), Ed. des Nouveaux cahiers, La Chaux-de-Fonds, 1942
  • Le Pèlerin de l’aube (Poèmes), du Chandelier, Bienne, 1943 
  • La Porte des innocents (Roman), Ed. des Portes de France, Porrentruy, 1944
  • Guetteurs d’étoiles (Poèmes), du Chandelier, Bienne, 1947
  • Transmettre (Roman), Edition du Chandelier, Bienne, 1949

A partir de 1949, elle publie en France :

  • L’archange qui boitait (Maintenir), (Roman), La clé d’or, Paris, 1951
  • Le bestiaire de Tristanet, Ed. du Centre, Aurillac, France, 1952
  • Le Pèlerin émerveillé (Poèmes), P. Clairac, Aurillac, 1953
  • L’impasse de l’ange, P. Clairac, Aurillac, 1954, jeu radiphonique
  • Le Rubaiyat d’Omar Khayyam, (poèmes) P. Clairac, Aurillac, 1954
  • Sonnets vagabonds, (Poèmes), P. Clairac, Aurillac, 1955

… romans, nouvelles, poèmes !

Trois ouvrages ont été édités posthumes:

en France encore:

  • Chants pour attendre l’aube, Poèmes, Sésame, Aurillac, 1958
  • Encore cette flûte lointaine, Poèmes, Sésame, Aurillac, 1958

et en Suisse:

  • Sous les tilleuls de l’enfance, Nouvelles et poèmes, Imprimerie St-Paul, Fribourg, 1960.

 

Nous voilà à l’argument central: 

le roman d’Éléonore Niquille resté inédit

 

En 1993, deux manuscrits / tapuscrits du même roman font surface aux Archives Littéraires Suisses, à Berne : ils étaient conservés dans le Fonds Eléonore Niquille.

Les voici: Ms Lq234 1a et Ms Lq234 1b

La lecture analytique du texte permet de tisser des liens intertextuels horizontaux entre ce roman et les deux précédents romans publiés par l’auteur:

Transmettre 1949, en CH, et L’archange qui boitait 1951, en France.

Dès la parution du 2ème roman L’archange qui boitait, ce 3ème roman était déjà annoncé dans la 2ème de couverture et il sera annoncé dans la 2ème de couverture de tous les livres de l’écrivaine parus ensuite: cinq ouvrages de poèmes.

En 1957, quelques mois avant son décès, dans une carte postale écrite à sa sœur Hélène, Éléonore lui disait qu’elle était en train de rééditer Transmettre, mais le roman continuellement annoncé restait toujours inédit!

 

Pourquoi ce roman est-il resté inédit du vivant de son autrice ?

Mais voyons d’abord comment ce roman se situe-t-il par rapport aux précédents.

Dans cette trilogie romanesque, la Russie et la Suisse ne constituent plus les principaux pôles géographiques et culturels de référence présents dans les ouvrages précédents. L’écrivaine s’affranchit de son balancement entre ses deux cultures, la gruérienne par son père et la slave par sa mère, et elle écrit enfin en s’émancipant de son autobiographisme présent dans Le destin vanne ou dans La porte des innocents – pour établir son écriture dans des paramètres encore plus cosmopolites et universels.

Le premier roman Transmettre va situer les protagonistes au cœur de la 1ère guerre mondiale

Le deuxième L’archange qui boitait nous mènera au cœur de la 2ème guerre mondiale.

Le 3ème roman inédit situera les personnages dans l’immédiat après-guerre.

Il s’agit d’une suite, d’une saga: les personnages créent la continuité d’un roman à l’autre et on pourrait imaginer encore une suite après ce 3ème roman. Malgré cette continuité, ce 3ème roman peut être lu indépendamment des deux précédents.

Quel est le sujet de ce roman?

Il tresse l’histoire d’un groupe de jeunes personnages, des lycéens, venant de plusieurs coins du monde, qui vont endurer, sous le masque de la paix et du progrès social, les conséquences des deux conflits mondiaux. On pourrait y déceler une allégorie de la rupture d’équilibre engendrée par les protagonistes des guerres mondiales et de ses violentes et inhumaines conséquences. La période que nous appelons de « reconstruction » est présentée à travers l’histoire de ces jeunes protagonistes de la moitié du siècle XXe comme un monde en décomposition. Ces jeunes personnages cosmopolites symboliseraient aussi l’actuel affrontement des peuples et des cultures d’orient et d’occident, du sud et du nord, en écho avec les peuples et les cultures anciennes.

De quel genre de roman s’agit-il?

C’est un roman tragique, un enchaînement de drames et de suspens, qui en un crescendo de tension, surprend continument et tient en haleine le lecteur. Jusqu’au bout. Le narrateur brasse de façon inattendue les divers éléments de la vie: êtres humains, animaux, plantes, éléments géophysiques, dans leurs différents langages et registres, en un dialogue mystérieux et symbiotique. On assiste à une écriture qui produit une fine alchimie entre nature et culture.

Quel titre alors pour ce roman inédit?

Une liste des divers titres proposés du vivant de l’autrice peut être établie en tenant compte des couvertures des tapuscrits, des informations contenues dans les livres déjà parus et d’autres informations dans les textes critiques, mêmes dans les interviews avec l’autrice parues dans la presse. A partir du 2ème roman de la trilogie, on peut voir comment les éditeurs annonçaient le 3ème roman en préparation:

En 1951 et en 1952, le titre annoncé est Terres brûlées, mais à partir de 1953, les éditeurs annoncent le nouveau titre: Porphyre. Ce titre, Porphyre, est annoncé de nouveau en 1954 et en 1956. C’était d’ailleurs le titre des frontispices des deux manuscrits du roman écrit à la main par l’auteur même. Titre tracé à posteriori par une main inconnue.

Le résumé du roman, établi par l’auteur (tapé avec la même machine à écrire utilisée pour les deux tapuscrits), qu’on trouve déposé aux ALS de Berne, porte d’ailleurs le titre «Porphyre par Éléonore Niquille».

ALS Ms Lq 234

 

Pourquoi Éléonore a-t-elle donné la priorité à d’autres ouvrages, au lieu de publier ce troisième roman déjà annoncé à la suite des deux premiers, et auxquels il est strictement lié ?

Dans la revue française Nos amis les livres, 1952, l’éditeur français Pierre Clairac s’exprimait ainsi:

«Un proche avenir mettra Éléonore Niquille à la place qu’elle mérite, parmi les tous premiers des écrivains européens» et le critique littéraire Ribert Filliâtre avait brossé, dans ce même numéro de la revue, un parcours complet de l’œuvre de l’écrivaine, sans omettre de parler de ce roman qui, à ce moment-là, était encore inédit. Il citera Éléonore qui promettait aux lecteurs quelque chose justement d’inattendu dans ce roman qui se faisait attendre : «Vous verrez !» avait-elle dit.

A son décès, la presse (le Courrier de Berne, octobre 1957) avait lancé un appel aux éditeurs sachant qu’elle laissait une œuvre posthume.

 

Un roman inédit comme testament.

Il est vrai, des poèmes et des nouvelles ont encore été publiés tout de suite après sa disparition, mais le roman annoncé n’est pas paru. Ce roman – logiquement – aurait dû paraître bien avant le décès de l’écrivaine, mais il est resté inédit: devait-il en être ainsi, afin qu’il nous arrive comme un testament, et de sa créativité littéraire, et de sa pensée mûrie? Une créativité et une pensée qui – malgré tout – nous rejoignent, perdus que nous sommes dans ce déséquilibre cosmique qu’elle entrevoyait déjà dans ce mystérieux roman.

Grazia Bernasconi-Romano

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