Lugano-Massagno, lundi 9 janvier 2023, 11.45 – 12.15
Le footing – vous l’ai-je déjà dit ? – ce n’est pas pour moi. Mon mari sort, puis rentre. C’est mon tour. Après de gros brouillards gommeurs de tout et un saupoudrage de neige éphémère, le soleil est enfin revenu… Ramuz, Charles-Ferdinand, l’écrivain vaudois, bien entendu, en serait content, lui aussi.
Je décide sans trop réfléchir – sacrée habitude ! – d’aller en descente jusqu’à la Madonna della Salute, mais en arrivant au bas de via Rovello, mes pieds font mécaniquement un quart de tour et je me retrouve à escalader, c’est le terme approprié je vous l’assure, le sentiero Vinorum, dont il faut éviter les surprises… Repetita juvant ? Mais non, passons ! Un désert, de coutume, le sentier ce matin me contredit ; voilà, en effet, qu’un adolescent avance en sens inverse. – Buongiorno, me dit-il, en me regardant avec une tête légèrement penchée et encore étrangement lourde de sommeil à cette heure du jour, et d’une moue peu encline à bouger, souriante toutefois, ce qui fait tout de même plaisir.
Je tourne encore à droite et je m’engage dans un vrai petit sentier en escaliers qui a de la peine à séparer des villas bien verrouillées derrière leurs haies en fil de fer, camouflées de végétation et transpirant une légère humidité ; puis le dilemme shakespearien ne m’arrête qu’un instant : via Praccio ou via al Roccolo ?… Roccolo ! Roccolo !
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